« La Toison d’or » Aleksander Tansman

 

Première le: 04.11.2016 – Teatr Wielki Łódź
Direction musicale: Łukasz Borowicz
Mise en scène: Maria Sartova
Chorégraphie: Jarosław Staniek
Décor et Lumières: Yves Collet (Théâtre de la Ville, Paris)
Conception et Réalisation Vidéo: Matthieu Mullot

 

Quelques mots de metteur en scène

 

La légende de « la Toison d’or » se situe avant la guerre de Troie. Le voyage des Argonautes qui a duré quatre-vingt-dix-neuf jours est la première expansion européenne vers l’Est.

Mythes et légendes cachent de profondes vérités derrière un rideau de récits fantastiques et symboliques. D’après le philosophe et le psychanalyste C.G. Jung, le mythe représente la poursuite d’un impossible. Ici il présente deux symboles, celui de l’innocence, la toison du bélier, et son contraire, la course à la gloire et au pouvoir symbolisé par l’or.

D’où l’eternelle question de savoir si la Toison d’or constitue un trésor matériel ou spirituel. La Toison d’or est également le symbole de la conquête d’une force spirituelle, de la justice et de la pureté. Seul celui qui maîtrise en lui la passion du pouvoir peut régner en juste, et l’avenir de l’humanité dépend de sa victoire.

Le mythe de la Toison d’or est également le symbole d’un voyage qui devient par analogie initiation, passage à une forme supérieure d’humanité.
Le livret de l’opéra est écrit dans un style tenant du symbolisme et du surréalisme. Salvador de Madariaga, l’auteur de livret, libère son imagination, et il s’évade des valeurs établies comme du rationalisme. Il crée un théâtre de l’absurde, se faisant l’héritier d’un Alfred Jarry, devançant Samuel Beckett et Eugène Ionesco.

L’opéra a été réalisé en 1938 après l’arrivée au pouvoir d’Hitler dans un contexte de grandes crises économiques et politiques.
L’action de l’opéra se déroule au pays de Cocagne, pays de bonheur dont la capitale est la ville de Bouchebée. Le bien-être y est assuré par Jean Laine (Toison d’or) dont le gardien est un vieux tigre. Les habitants de Cocagne ont des problèmes de mémoire, et le roi Tireboule dirige l’Etat sans rien comprendre ni se rappeler quoi que ce soit. Le roi ne fait confiance à personne, à l’exception de son Fou qui est l’unique habitant de Cocagne à ne pas porter de masque. L’entourage du roi, la cour et les ministres, ne pensent qu’à protéger leurs propres intérêts.

Cette comédie est accompagnée de la musique de Tansman, pleine d’humour, empreinte de légèreté et de lyrisme, aux rythmes et aux harmonies débridés.

Le mythe de la Toison d’or est présenté comme un tableau inversé. La légende y perd son message idéaliste.

Que reste-t-il de la légende de la Toison d’or dans le livret?
Le « cannibalisme individuel » se transforme en un « cannibalisme d’État « . La déception devant le monde existant conduit à l’absurde du récit, et au questionnement d’une vision ambiguë de l’avenir : victoire de la soif de l’argent, ou perte de l’identité et des valeurs de la culture européenne?

Maria Sartova

 

Voir aussi:

« la Toison d’or » – revue de presse
« La Toison d’or »  – photos
« La Toison d’or  »– vidéo