Interview (extrait) Gabriela Pewińska

 

Interview (extrait)

 

Gabriela Pewińska: Ainsi, c’est un morceau du bon vieux Paris que vous nous apportez?

Maria Sartova: Absolument ! Il s’agit d’une réalisation qui s’appuie sur des traditions françaises. Peut-être un peu plus moderne, mais le livret reste inchangé. Tout est comme l’a voulu Offenbach.

 

G.P.: Un style français?

M.S.: La scénographie, tout en étant résolument abstraite, se référ à à la peinture surréaliste de Magritte. Quant aux costumes qui forment une sorte de lien entre réalité et onirisme, ils sont une allégorie d’un thème mythologique sublimé.

 

G.P.: Lorsque vous mettez en scène des auteurs français, vous vous efforcez toujours d’introduire des éléments de la culture française.

M.S.: Vivant à Paris depuis plus de quarante ans, je suis imprégnée de l’atmosphère et celle de la France. Je n’ai d’ailleurs nullement l’intention de m’en échapper, bien au contraire. D’autant plus que l’œuvre a été conçue et écrite par Offenbach en se référant justement à la France. Ce fut déjà le cas pour « La Bohème », et et il en sera ainsi avec « Orphée aux enfers ».

 

G.P.: En 1874, un critique du « Figaro » résumait le spectacle en ces termes : « personne à Paris n’a jusqu’ici fait preuve d’autant de goût et d’humour dans la manière de déshabiller les danseuses ; toutes sont nues, et en même temps décentes ».

M.S.: Pour moi, il n’était pas question d’aller aussi loin. Ne serait-ce que pour éviter d’exposer les danseuses au stress. Comme on le sait, elles sont très pudiques. Mais je peux vous assurer que selon notre conception le cancan ne perd rien de son érotisme. D’ailleurs, l’érotisme traverse l’œuvre d’Offenbach toute entière constitue tout une panoplie de jeux de « liberté ».

 

G.P.: Je reviens à l’idée du bon vieux Paris… Que représente donc pour vous cette ville?

M.S.: Je la vois évoluer. Lorsque je suis arrivée, Paris était à la fois une ville sale mais libre, puis la ville est devenue un peu plus propre mais un peu moins coquine.

 

G.P.: On ne sait ce qui est mieux…

M.S.: Depuis, Paris est redevenu sale, mais sans la liberté, sans cet élan d’autrefois… Je constate des changements à chaque pas. Par chance, la tolérance que j’apprécie est restée, mais elle n’est plus la même qu’à l’époque où j’ai décidé de m’y installer définitivement.

 

G.P.: Dans ce cas-là, il est difficile de dire ce qui est mieux…

M.S.: C’est une ville difficile à vivre. Les images que nous voyons dans les films de Woody Allen ne correspondent pas à la réalité.

 

G.P.: C’est à Paris que vous avez fait la connaissance de votre maître, le remarquable metteur en scène d’opéra Bronislaw Horowicz.

M.S.: J’ai été son assistante pour des productions de théâtre radiophoniques. Il m’a appris beaucoup de choses, il m’a inspirée.

 

G.P.: Votre chien suit notre conversation.

M.S.: Il participe aussi parfois aux répétitions. C’est un chien qui ne réagit pas aux son. Même quand on chante faux.

 

Voir aussi:

Orphée aux enfers Jacques Offenbach
Orphée aux enfers – extraits des critiques
Interview (extrait) Anna Niwińska
Orphée aux enfers – photos